Chroniques de mars 2006

[Marc Poteaux]

2.53 ABO Black indus malsain
ABORYM : Generator
Malgré l'absence d'Attila Csihar sur ce nouvel opus, remplacé par un certain « Prime Evil », le retour d'Aborym se fait sous les meilleurs auspices, après un «With No Human Intervention» décevant de la part d'un groupe qui jusque-là s'était toujours fait remarquer par un anticonformisme assumé et recherché. Pas de surprises, la patte des italiens est bien présente, nous projetant encore une fois entre true black metal et metal indus haineux, le tout porté par un satanisme sans compromis. On notera que la voix est mixée plus en arrière, laissant le champ libre à un style musical qui s'est étoffé, laissant des interstices libres à des effets et parties malsaines et gothiques, du meilleur effet d'ailleurs. Ce « Generator » ressort donc grandi des divers changements effectués par le groupe, et en devient une pièce maîtresse d'un genre nouveau, dont la noirceur du propos se trouve enfin égalée par la musicalité. (Marc Poteaux)
Season Of Mist (dis. Season Of Mist) SOM 123

[Marc Poteaux]

2.91 ANK Reprises rock version crooner
ANKA, Paul : Rock Swings
Un vieux crooner veut se remettre au goût du jour et nous propose un album de reprises de tubes de la musique du diable à sa sauce. Pff...C'est devenu d'un banal...Tom Jones, Pat Boone, ça vous dit quelque chose ? Alors, quelle est la valeur ajoutée de cette rondelle ? On la cherche encore...Car Mr Anka a certes une grande voix, mais il prend moins de risques que votre grand-mère dans son fauteuil devant Derrick, et se montre moins drôle que le spécialiste de la reprise kitch, le formidable Richard Cheese. Oubliez le rock, Mr Anka, et retournez à la guimauve. Faut pas jouer les cowboys quand on a des nerfs de fillette...(Marc Poteaux)
Verve (dis. Universal) 475102

[Marc Poteaux]

2.24 ARC Rock indé dansant
ARCTIC MONKEYS : Whatever People Say I Am That's What I'm Not
Nouvelle coqueluche d'une certaine presse rock, les Arctic Monkeys nous viennent d'outre-manche, et pratiquent comme beaucoup de leurs contemporains un rock qu'on pourrait qualifier de post-punk dansant. Ouais, on nous la fait souvent celle-là, vous allez me dire. Et effectivement, à l'écoute de ce premier album, quelques noms nous viennent à l'esprit ; Franz Ferdinand pour le rythme, et Art Brut pour la fougue et la fraîcheur. C'est bien fait, ça groove, les amateurs de rock qui pulse ne seront pas déçus, mais ça ne fait qu'exploiter des recettes déjà bien rodées. Arctic Monkeys a sû créer un buzz autour de son nom en distribuant exclusivement ses chansons sur le net avant de les diffuser en bacs, mais la musique de ces jeunes gens (19 ans en moyenne) ne mérite pas forcément une telle attention. Un bon album parmi tant d'autres, mais qui a l'avantage d'être assez homogène qualitativement parlant. (Marc Poteaux)
Domino (dis. PIAS) WIG162

[Marc Poteaux]

2.53 ATA Death black
ATAKHAMA : Existence Indifferent
Ce n'est un secret pour personne, les suiveurs, tous genres musicaux confondus, sont plus nombreux que les leaders. Et Atakhama en est, indéniablement. Un bon, certes, mais un suiveur quand même. Ce groupe finlandais, ex Funeris Nocturnum, pourrait être présenté comme un bon compromis entre Behemoth, Setherial et Morbid Angel. Bon, bien sûr, c'est pour vous situer la chose, tout le monde ne peut pas pondre un "Demigod", un "Hell Eternal" ou un "Gateways To Annihilation" aussi facilement, mais la matière première est là, ce qui est déjà pas mal pour un premier album, convenez-en...Le reste de l'histoire est entre vos mains, mais il y a fort à parier que ce pamphlet ne restera pas lettre morte...(Marc Poteaux)
Woodcut (dis. Masterpiece) CUT037

[Marc Poteaux]

2.53 DEC Death metal brutal
DECAPITATED : Organic Hallucinosis
Decapitated, c'est du death polonais. Quoi, vous voulez en savoir plus ? Ben, euh, simple, brutal, sans fioritures, sachant balancer du groove quand c'est nécessaire, assez efficace mais qui n'a pas inventé le headbanging, quoi. Pour amateurs seulement ! (Marc Poteaux)
Earache (dis. PIAS) MOSH321

[Marc Poteaux]

2.61 ELE Heavy rock garage
ELEKTROCUTION (THE) : Open Heart Surgery
Et un autre groupe de garage rock, un ! Depuis que le genre a le vent en poupe, c'est dingue le nombre de formations que l'on fait sortir du maquis comme des fleurs, alors que jusque-là elles besognaient dans l'indifférence générale. M'enfin, que voulez-vous, l'offre et la demande, c'est devenu un commandement, de nos jours. Tout ça pour dire que les cinq rouennais de The Elektrocution oeuvrent depuis plus de cinq ans dans un heavy garage qui ne fait pas semblant, affreux, sale et méchant, et sortent seulement leur premier album. Non pas par manque de talent, ou de volonté, mais par absence d'opportunité. Et c'est évident à l'écoute de ce « Open Heart Surgery ». Car The Elektrocution, ça le fait, et ça le fait grave même. Rock en diable, simple et bougrement efficace, le groupe ne se prend pas la tête et se contente d'exciter les potards. Gageons que nous n'attendrons pas cinq ans de plus pour entendre parler du successeur de ce très bon brûlot. (Marc Poteaux)
Overcome (dis. Overcome) OVER013

[Marc Poteaux]

2.53 END Hardcore metal
ENDSTAND : The Time Is Now
Dans la sphère hardcore metal, surpeuplée s'il en est, il est très difficile de faire son trou. Dans tout le vieux continent, on a vu apparaître et grandir des dizaines, des centaines de groupes, désireux de mixer hardcore old school et nouveaux courants du metal extrême. Pour avoir du succès, les méthodes et avis divergent ; de l'originalité à tout prix au revival bête et simple, en passant par le "j'fais d'mon mieux". C'est clairement dans la troisième catégorie qu'on se situe ici, comme dans la majorité des cas. Endstand est un combo finlandais qui, mine de rien, a déjà dix ans d'existence derrière lui, deux albums, quelques mcd, et plus de cinq cent shows extra-muros au compteur. Pas le péquin de base, donc. Dans la bio, on parle de Disfear, Give Up The Ghost, The Hope Conspiracy et quelques autres noms exotiques. En clair, Endstand, c'est du hardore metal dopé au punk rock méchant, à l'émo et peut-être même à une forme évoluée de stoner. Bon, ça a l'air vachement original comme ça, mais ça sonne très classique, dans le bon sens du terme. Classique parce que ce qu'on retient le plus, l'élément central, ça reste le hardcore, et que tous les autres éléments viennent s'y greffer sans entraver la bonne digestion de la chose. Ca coule de source, ça sonne très bien, et on n'y fait pas attention la plupart du temps. Les dix titres ici présents nous confortent dans l'idée que, si beaucoup de choses ont été dites dans ce genre, on peut perpétuer le genre et pondre de bons disques à l'heure d'aujourd'hui. Et c'est déjà pas mal. (Marc Poteaux)
Lifeforce (dis. Overcome) CD-LFR 059-2

[Marc Poteaux]

2.53 FIR Hardcore metal
FIRST FAILURE : The Option
Nouveau venu sur la scène hexagonale, formé sur les cendres de divers petits groupes, First Failure pratique un crossover comme on pouvait en entendre à la grande époque de Suicidal Tendencies et consorts. Le groupe se balade donc entre hardcore, punk rock, avec une pointe de noise et des riffs hardcore metal. La voix se situe entre Mike Muir de Suicidal et Mark Arm de Green River (pour ceux qui se souviennent !). "The Option" reste un disque de hardcore straight-edge très conventionnel, comportant toutes les qualités requises pour être apprécié des fans du genre, bien composé, sans temps mort, mais qui ne s'aventurera guère hors de cette fanbase. (Marc Poteaux)
Eternalis (dis. Overcome) ER003

[Marc Poteaux]

2.24 GOL Pop post punk bizarre
GOLDEN BIRDS : Carrier
Golden Birds est un groupe atypique. A la fois dansante, pop, bricolo et étrange, cette formation américaine mélange Pinback, le post rock, le post punk dansant à la mode actuellement, et plein d'autres choses, et retranscrit son univers foutraque à travers les neuf titres de ce "Carrier". Neuf titres inégaux mais attachant, ajoutant un paradoxe de plus à une musique qui n'en manque pas. Golden Birds est dansant mais privilégie l'acoustique, expressif avec une voix un peu désincarnée, pop avec des structures assez complexes, ou du moins peu évidentes. A vrai dire, au final, on trouve le disque assez moyen, mais on se dit qu'on y retournera sûrement, histoire de voir comment notre oreille évolue à son contact. C'est une sensation, que dis-je des sensations indescriptibles qui vous assaillent pendant l'écoute de cette galette, et la seule chose que je puisse conseiller est d'y jetter une oreille attentive. (Marc Poteaux)
Paranoid (dis. Overcome) PR 0503 2

[Marc Poteaux]

2.53 HEL Hardcore metal
HELLMOTEL : Hang Us Young
Oula, y sont pas contents ceux-ci ! Qu'est-ce qui peut pousser des jeunes gens bien élevés à prendre un micro et des instruments comme on prend le maquis, mouliner comme des dératés et gueuler comme des putois ? Car de la rage, les ex-Judoboy en ont à revendre, c'est certain.Et comme ils sont généreux, ils nous en font profiter au travers de ce premier album sous leur nouvelle bannière. "A Song For Young Revolted Middle Class People" qu'y disent. Ben oui, mais concrètement, c'est pas ce qui manque dans le genre, même si toutes n'en ont pas l'appellation d'origine controlée (?). Et hélas, Hellmotel se contente souvent de faire un peu comme tout le monde ; du metalcore échevelé, brutal et technique, lorgnant sur le post hardcore de Botch ou sur le deathcore d'Inside Conflict. Et les seuls quelques titres qui tirent leur épingle du jeu sont ceux qui, comme l'illustre la superbe "Hell Hot Cats", cherchent à aller plus loin que ça, à trouver un chemin vers un enfer personnel, pas encore pavé de trop nombreuses bonnes intentions. Mais rien que pour ces quelques titres (pour schématiser, la deuxième partie de l'album), ça vaut le coup de faire un bout de chemin jusqu’au motel de l’enfer. Un espoir à confirmer. (Marc Poteaux)
Radar Swarm (dis. Overcome) RSR009

[Marc Poteaux]

2.53 HER Heavy thrash
HEROD : Rich Man's War...Poor Man's Fight
Vous écoutiez du metal dans les années 80 ? Vous étiez fascinés par le thrash de la Bay Area ? Alors vous avez peut-être eu entre vos délicates esgourdes un groupe nommé Heathen, qui mêlait des cavalcades thrash pur jus à une voix typiquement heavy metal ? Non ? Eh bien, vous pourrez vous rattrapper avec Herod, qui applique exactement la même formule sur ce "Rich Man's War...Poor Man's Fight", son deuxième album en date. C'est bien simple, on s'y croirait. Alors, quel intérêt me direz-vous ? Eh bien, il doit certainement y en avoir un, pour que Lifeforce s'intéresse à ce combo originaire de Buffalo...Seul problème, sur la bio et le dossier de presse, nulle justification, nulle raison de pousser plus avant l'écoute de cette galette. Alors je vais être faible et je vais m'arrêter là. Parce que je dois bien l'avouer, ce disque m'emmerde au plus haut point. (Marc Poteaux)
Lifeforce (dis. Overcome) CD-LFR 057-2

[Marc Poteaux]

2.53 MAS Stoner thrash
MASTODON : Call Of The Mastodon
Ce « Call Of The Mastodon » n'est pas le dernier album en date des brutes américaines, mais la réédition des premiers travaux du groupe. Tous les éléments du succès sont donc ici présents, au stade de prémices certes, mais suffisemment décelables pour être appréciés. Les neuf titres de cette réédition présentent un côté évidemment plus brut de la musique du quatuor, et plus centré sur un hybride stoner / death, parsemé de parties plus atmosphériques. Le point noir de cette galette est, comme on pouvait s'y attendre, le son. La remasterisation est passée par là, pourtant on est loin de la patate de « Leviathan », et même de l'efficacité certaine de « Remission ». La structure des titres est également bien en deça de ce qu'on est en droit d'attendre du combo aujourd'hui, et le génie ne se manifeste ici que par touches. On conseillera donc ce disque aux fans ultimes, aux historiens du metal ou aux curieux invétérés. (Marc Poteaux)
Relapse (dis. Season Of Mist) RR6515-2

[Marc Poteaux]

2.53 PEN Heavy doom
PENTAGRAM : First Daze Here Too
Je connaissais déjà le heavy doom velu de Pentagram pour avoir acquis il y a quelques années "Be Forewarned", leur quatrième album (si on décompte les rééditions), sur la base de...ben pas grand-chose en fait, plus par hasard et opportunité pécuniairement intéressante pour tout dire. Je ne suis donc pas surpris par ce que je trouve sur cette compilation regroupant raretés et inédits. Du heavy stoner doom, simple et efficace, à l'époque où la surenchère n'était pas de mise pour être considéré comme un bon rocker. Parmi les bonnes surprises, on trouvera une reprise aux petits oignons du "Under My Thumb" des Stones, et...et...quasiment tous les autres titres ! Certes, certaines bandes-sons semblent sorties d'un boui-boui sans nom et n'auraient peut-être pas méritées d'être exhumées, mais la musique, mes amis, n'a pas pris une ride ! Les fans de Led Zep, Black Sab' et consorts devraient se jetter sans attendre sur ce cours de rattrappage concernant un groupe culte ! (Marc Poteaux)
Relapse (dis. Season Of Mist) Promo

[Marc Poteaux]

2.53 PRI Hardcore metal
PRIMAL AGE : The Light To Purify
Primal Age fut historiquement l'un des premiers groupes à mélanger clairement hardcore et metal dans une Europe jusque-là plus branchée par un style plus old school. Et à l'avoir mis en forme par le biais d'un mcd, « The Light To Purify », sorti en 1999 et aujourd'hui largement épuisé sur notre petit territoire. Après cinq ans d'absence due à une parenthèse musicale, quatre des cinq membres de Primal Age ont décidé de reprendre le collier, et nous le font savoir par la réédition de leur oeuvre de jeunesse. Une réédition orchestrée par Eternalis, un petit label hardcore qui monte, et agrémentée de trois titres live, plus gadget qu'autre chose, mais bon, c'est l'intention qui compte...Indéniablement, la musique a vieilli, et paraît aujourd'hui assez simpliste. Pourtant, ce document historique reste très écoutable, en particulier pour ceux qui étaient présents et sur la brèche lors de l'apparition du genre. Il faut maintenant espérer que le groupe saura à l'avenir réitérer le trait de génie qui l'a fait connaître... (Marc Poteaux)
Eternalis (dis. Overcome) ER004

[Marc Poteaux]

2.53 RAU Thrash electro pop
RAUNCHY : Death Pop Romance
Raunchy...Le nom me dit vaguement quelque chose. Ah oui, j'ai dû croiser l'une de leurs oeuvres dans quelques bacs à soldes. Comment vous dites ? « Velvet Noise », oui, c'est ça. Leur premier album. Mouais. A priori, pas un souvenir bien rassurant avant l'écoute de ce « Death Pop Romance », nouvel (et troisième) album du sextet danois. Danois ? La production metal de ce pays ne brillant pas jusque-là par sa qualité (mis à part Illdisposed, et peut-être Barcode, si on est pas trop exigeant en matière de hardcore), une bonne découverte ne serait pas de trop. Bref. On lance la machine, et le premier titre déboule, mêlant thrash melodique, death gentil, voix claires et gutturales, à grand renfort de parties electro. Et on reste circonspect. Oui, c'est pas mal hein, mais d'autres l'ont déjà fait. D'autres comme Pain, Soilwork ou Dark Tranquillity, pour rester en scandinavie. Mais à la moitié du second titre, voir au début du troisième, on finit par se laisser prendre au piège, et fredonner les refrains très efficaces, taper du pied en rythme, et apprécier la relative brutalité de la chose. Et au fur et à mesure des écoutes, on accroche de plus en plus ! En fait, Raunchy semble être le compromis idéal pour tous ceux qui ne veulent pas choisir entre Soilwork et Linkin Park. Un metal pop mais n'hésitant pas à mouliner du riff et beugler pour se faire comprendre. Adopté. (Marc Poteaux)
Lifeforce (dis. Overcome) CD-LFR 058-2